La volonté du gouvernement fédéral d’octroyer un contrat au chantier Davie pour la conversion de trois brise-glaces ne suffira pas à réparer « l’injustice historique » commise à son endroit, croit Gilles Duceppe.
Un texte de Louis Gagné, Radio-Canada
L’ex-chef du Bloc québécois rappelle que l’entreprise de Lévis n’a reçu que 1 % des contrats fédéraux liés au renouvellement de la flotte canadienne, dont la valeur totalise près de 75 milliards de dollars. « C’est nettement insuffisant, dénonce-t-il en entrevue à l’émission RDI Matin. La Davie représente 50 % de la capacité nationale de construction maritime, les contribuables québécois représentent 23 % des contribuables au Canada et on a 1 % des contrats. Donc, il y a quelque chose qui ne va pas. »
L’ancien politicien signe une lettre ouverte, publiée lundi sur La Presse+, dans laquelle il déplore cette nouvelle « iniquité ». Il rappelle qu’à la fin des années 1980, Ottawa avait demandé au gouvernement du Québec de rationaliser ses opérations de construction navale, ce qui a mené à la fermeture des chantiers de Sorel et de Montréal. « La décision fédérale a provoqué la perte de 1700 emplois québécois alors que, au même moment, ce même gouvernement soutenait la création d’emplois dans les provinces maritimes en investissant dans Irving Shipbuilding », écrit Gilles Duceppe.
Situation « inacceptable »
L’ex-chef bloquiste exhorte les députés fédéraux du Québec, tous partis confondus, à se lever pour exiger que le chantier Davie obtienne sa « juste part » des contrats fédéraux.
« C’est pour tout le Québec, pas uniquement pour la Davie, que cette situation est inacceptable. Elle doit être dénoncée par tous, en commençant par la classe politique. »
Gilles Duceppe, ancien chef du Bloc québécois
Il affirme que l’entreprise, qui s’est vue décerner le prix du meilleur chantier naval en Amérique du Nord en 2015, a démontré qu’elle pouvait livrer la marchandise, notamment en fournissant à la Marine royale canadienne. « Si on prend les derniers contrats, l’Astérix, c’est le seul navire qui a été construit dans les délais et aux coûts prévus. Partout ailleurs, les coûts ont explosé », souligne M. Duceppe. Chantier « efficace » Selon lui, la décision du gouvernement du Québec de prendre une participation financière dans une filiale du chantier Davie est une preuve supplémentaire de sa capacité à être rentable, tout comme le prêt que lui a accordé un consortium bancaire.
« Le Québec intervient dans ça, avec JP Morgan, la firme américaine, qui n’est pas une œuvre de bienfaisance. Alors s’ils interviennent, c’est parce qu’ils se disent : « On va tirer un profit dans un chantier maritime qui est efficace » », insiste Gilles Duceppe.
Il mentionne que des centaines d’emplois sont en jeu au chantier Davie et chez ses fournisseurs un peu partout au Québec.