Rappelons que le 22 juin dernier, le gouvernement Trudeau annonçait son intention de refiler un contrat à Chantier Davie.
«Le gouvernement est en train de déterminer si les réponses reçues satisfont aux exigences de la Garde côtière canadienne», précise le courriel transmis par Services publics et Approvisionnement Canada. «De plus amples renseignements seront communiqués en temps voulu.»
Ce délai ne fait pas perdre le sommeil à Spencer Fraser, le directeur général de Federal Fleet Services, une société sœur de Chantier Davie Canada au sein de la société de portefeuille Inocea. C’est Federal Fleet Services qui pilote le programme de soutien des brise-glaces de la Garde côtière canadienne, aussi appelé le projet Resolute.
Sans l’avouer ouvertement au Soleil, ce contrat pour la conversion des trois brise-glaces commerciaux de taille moyenne est déjà dans la poche.
«Est-ce que ça prendra quelques heures ou quelques jours de plus avant une annonce officielle ? Nous ne le savons pas ? Chose certaine, nous connaissons le résultat final. Ça sera Davie. Nous ne sommes pas du tout inquiets», signale Frédérik Boisvert, le vice-président des Affaires publiques de Chantier Davie.
Tor, Vidar et Balder
Davie planche sur le projet Resolute depuis deux ans. Ses représentants ont parcouru la planète pour mettre le grappin sur des brise-glaces qui pourraient répondre aux besoins de la Garde côtière. Ils en ont acquis trois fabriqués en Norvège, le MS Tor Viking II, le MS Vidar Viking et le MS Balder Viking. Un coup de chance, avoue Spencer Fraser. «Si Shell n’avait pas cessé l’exploration pétrolière en Alaska, ces trois brise-glaces n’auraient jamais été disponibles.»
Actuellement, les trois navires baignent dans des eaux en Suède et en Norvège.
Ils pourraient accoster à Lévis à la fin du mois de juillet ou encore au début du mois d’août.
L’un des trois Viking sera en opération dès l’hiver prochain. «Ça presse», insiste Spencer Fraser en signalant que la flotte actuelle de brise-glaces de la Garde côtière prend de l’âge et ne parvient pas à assurer convenablement le va-et-vient des navires durant la saison hivernale sur le fleuve Saint-Laurent.
Pendant ce temps, les deux autres brise-glaces subiront une conversion afin d’accroître leur polyvalence. Des grues et de ponts d’envol seront ajoutés de même que des installations pour les équipes de chercheurs qui participeront à des projets scientifiques.
Le MS Vidar Viking en action, TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE MS VIDAR VIKING
Trois ans plus tard, la Société des traversiers du Québec (STQ) prendra possession, vendredi matin, d’un des deux bateaux passeurs qui assureront la navette entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine.
La cérémonie se déroulera au Chantier Davie alors que le constructeur naval de Lévis remettra les clés du Armand-Imbeau II à la STQ.
La construction de l’autre traversier, le Jos-Deschênes II, n’est pas encore terminée. Il devrait être livré à la fin du mois de septembre.
À l’origine, les deux bateaux passeurs devaient prendre la direction de Tadoussac et de Baie-Sainte-Catherine à l’automne 2015.
Et la facture pour tout ça devrait atteindre 324 millions $ comme le révélait Le Soleil en avril dernier. En 2011, le gouvernement de l’époque estimait que ça allait coûter 125 millions $.
En entrevue au Soleil, Spencer Fraser n’a pas voulu commenter l’aspect financier de la construction des deux traversiers se limitant à dire que le prix est «compétitif» à l’échelle mondiale.
Le directeur général de Federal Fleet Services, la compagnie soeur de Davie, a plutôt insisté sur la complexité du projet.
«Il s’agit de navires très sophistiqués. Il y a autant de spécificités dans ces deux traversiers que dans une frégate de la Marine royale canadienne !», illustre M. Fraser.
Il a tenu à rappeler que Davie est le premier chantier en Amérique du Nord à bâtir des traversiers propulsés par un système de carburation mixte utilisant le diesel et le gaz naturel liquéfié.