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Et vogue Naval Québec

Ce n’est pas une flottille ni même une escadre : c’est une armada d’entreprises québécoises qui naviguent autour de la construction navale ou qui pourraient s’y arrimer.

« Il y a un potentiel de 1500 à 1600 entreprises qui font partie de la filière navale. On est en train de répertorier ça », indique Pierre Drapeau, ci-devant président-directeur général de l’Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada (AFCDC).

Pour marquer son intention de mener cette flotte entrepreneuriale dans les eaux internationales, l’organisme sans but lucratif, entièrement financé par l’industrie, vient de changer de pavillon : l’AFCDF s’appelle désormais Naval Québec.

« Le meilleur exemple qu’on peut vous donner – on le dit bien modestement, mais c’est vers ça qu’on tend –, c’est Aéro Montréal pour l’aéronautique. C’est un peu ce qu’on essaie de créer dans le naval », indique le nouveau PDG de Naval Québec.

Son nouveau logo étale le nom de l’organisme sur deux lignes, en lettres couleur marine, bien sûr. Le V de Naval prend la forme d’un triangle rouge symbolisant l’étrave ou la coque d’un navire – certains y verront peut-être une évocation des pavillons de signaux maritimes.

Mission accomplie

L’Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada avait été fondée en 2018 pour inciter le gouvernement canadien à inclure l’entreprise de Lévis dans les grands chantiers partenaires de sa Stratégie nationale de construction navale, dotée d’une enveloppe de dizaines de milliards de dollars.

« On a proposé aux gens de Davie de les appuyer dans une démarche de mobilisation des acteurs économiques du Québec pour mettre un peu de pression sur le gouvernement fédéral », relate Pierre Drapeau. « À l’époque, il y avait déjà 800 entreprises qui faisaient partie de la chaîne d’approvisionnement de Davie. »

Le 4 avril 2023, le gouvernement fédéral a confirmé que Chantier Davie serait un des trois partenaires de sa Stratégie de construction navale.

« Notre mission était accomplie et notre conseil d’administration a réfléchi à la suite des choses », relaie MAndré Y. Komlosy, président exécutif du C.A. de Naval Québec. « Cette réflexion a abouti avec la décision, prise lundi dernier lors de notre assemblée générale annuelle, de nous transformer et d’élargir notre action pour représenter l’ensemble de l’industrie au Québec. »

L’industrie navale québécoise est soumise à une forte houle, souligne Pierre Drapeau. « Il y a des moments où il y a plus d’activités, puis des moments où il y a juste de la réparation. La particularité de Naval Québec, c’est qu’on ne veut plus de creux de vague. Si nos entreprises ne travaillent pas ici, on veut les amener vers les marchés étrangers. »

Pour repérer et intéresser les candidates, l’AFCDC a effectué l’automne dernier une tournée de neuf régions du Québec, qui pour la plupart sont à des centaines de lieues de l’océan, ou même de toute voie navigable.

« On est allés à Saguenay, en Beauce, en Mauricie, à Sherbrooke. L’idée, c’est aussi de susciter des vocations », explique André Komlosy. « On a rencontré plus de 650 entreprises, qui sont des fournisseurs actuels, des fournisseurs potentiels ou des entreprises qui ne le savent pas encore, mais qui vont être des fournisseurs parce qu’elles ont la capacité d’innovation nécessaire. »

Outre-mer

Au printemps 2023, une mission commerciale navale en France – « la première depuis 40 ans entre le Canada et la France », précise André Komlosy – avait déjà mené à d’intéressants partenariats.

La firme de consultants en construction navale InnovMarine, de Lévis, a signé avec l’entreprise de Toulon Ennovia une entente qui ajoute à son arsenal le programme de gestion de maintenance développé par la petite société française.

« Ce partenariat vient d’aboutir il y a quelques semaines, avec un premier contrat avec la Marine royale canadienne », informe André Komlosy. « Ce contrat aurait été impossible pour Ennovia toute seule ou pour InnovMarine toute seule. »

Autre répercussion, le Collège de Rimouski, dont l’Institut maritime du Québec fait partie, a signé en novembre 2023 une entente de principe avec l’Université de Toulon pour un partenariat et des échanges sur la formation maritime et navale.

Du 6 au 10 mai prochain, Naval Québec embarquera une quarantaine d’entreprises québécoises à destination de la Finlande pour jauger les possibilités de collaboration, dans une mission « financée à 100 % par l’industrie », assure Pierre Drapeau. Naval Québec participera en septembre à une importante foire commerciale navale à Hambourg, puis au salon naval de défense Euronaval à Paris en novembre.

Entreprises au long cours

Mais le Québec a-t-il les compétences en construction et en entretien navals pour accoster dans les marchés mondiaux ?

« Absolument, répond Pierre Drapeau. On n’en a pas dans tout, reconnaît-il. Par exemple, le Québec ne construit pas de moteurs. Mais on est présent au niveau de la construction partielle de modules, au niveau de l’électronique, au niveau du logiciel et dans certaines composantes. Je vous cite ici seulement quelques catégories, il y a à peu près un million de pièces sur un navire. »

L’organisme est conscient que toutes les entreprises québécoises ne sont pas taillées pour le grand large.

« Par contre, Naval Québec peut aider à développer, comme ç’a été le cas dans l’aéronautique, des champions qui vont croître et devenir des entreprises de calibre mondial, et ça fait partie de notre mission », fait valoir André Komlosy. Il est convaincu que cette mission sera accomplie avant dix ans.

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