La subvention accordée par le gouvernement provincial à la Coopérative de transport maritime et aérien (CTMA) pour lui permettre de construire un nouveau navire, aide n’exigeant qu’un minimum de 30 % de contenu québécois sur le bateau, soulève la grogne de l’Association des fournisseurs du Chantier Davie Canada (AFCDC). L’organisme estime que cette clause ne permettra pas au chantier lévisien d’avoir une chance d’obtenir le contrat, alors que l’entreprise tourne au ralenti.
«Ce que le premier ministre dit à CTMA, c’est que pourvu que vous ayez 30 % de contenu québécois, on va payer le navire en question. Ce que ça veut dire carrément, c’est qu’il ne sera pas construit ici. Déjà, BRS, une firme française sous contrat avec CTMA, est en train de recenser des constructeurs à l’international», a déploré Pierre Drapeau, le président de l’AFCDC.
Rappelons que le 12 mai dernier, le gouvernement a annoncé qu’il soutiendra financièrement la CTMA dans son projet de faire construire un nouveau navire pour effectuer le transport des marchandises et des personnes ainsi que des croisières entre les Îles-de-la-Madeleine et plusieurs destinations québécoises. Par le fait même, Québec a demandé à la coopérative de procéder à un appel d’offres international, exigeant un contenu québécois d’au moins 30 %.
Pour le président de l’AFCDC, la clause inscrite dans la subvention accordée à la CTMA favorise les chantiers navals étrangers, dont plusieurs proposent des prix inférieurs aux chantiers québécois grâce notamment à «l’exploitation de la main-d’œuvre étrangère et peu coûteuse».
Un paradoxe selon Pierre Drapeau puisque le gouvernement provincial a inscrit dans sa stratégie maritime qu’il continuera à soutenir les chantiers maritimes québécois et que Québec a exigé, comme plusieurs intervenants de la province, que le Chantier Davie reçoive sa juste part de contrats maritimes fédéraux.
«On fait une marche avec Philippe Couillard, en décembre dernier, et on fait le maximum pour que les travailleurs et les fournisseurs de Davie ainsi que le chantier soient entendus et considérés auprès d’Ottawa, mais à la première occasion qu’on a dans le cadre de la Stratégie maritime québécoise, on se tourne vers l’étranger. C’est ridicule», s’est offusqué M. Drapeau.
Changement demandé «immédiatement»
Fort d’un sondage effectué auprès des fournisseurs où ils estiment notamment que cette décision est mauvaise pour l’économie du Québec, le président de l’AFCDC demande que le gouvernement accroît le contenu québécois d’au moins 50 % de contenu québécois. Si les libéraux ne font pas marche arrière, Pierre Drapeau et des fournisseurs entendent faire de cette situation un enjeu électoral.
« Si le minimum est fixé à 50 % ou 60 %, tu t’assures que la coque est faite ici. En faisant cela, les chantiers nationaux ont la possibilité de choisir des fournisseurs d’ici. En Pologne ou en Italie, ce ne serait pas le cas (seulement le minimum). […] Les fournisseurs de Davie ne comprennent pas que notre propre gouvernement prenne ce genre de décision. Partout au Québec, ils sont prêts à se manifester pour la dénoncer. Cette décision est d’une absurdité économique et politique», a conclu M. Drapeau.
Article original : Érick Deschenes, Journal de Lévis
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