Si la CAQ est sérieuse et cohérente.
Le gouvernement du Québec va statuer au cours des prochains jours au sujet de la construction du navire Vacancier qui sera utilisé au Québec seulement, et plus spécifiquement pour la desserte maritime des Îles-de-la-Madeleine, au coût de près de 220 millions de dollars. Comme le chantier maritime Davie à Lévis est à court de travaux majeurs, Ottawa préférant gaver les chantiers de Colombie-Britannique et de Nouvelle-Écosse pour sa flotte fédérale, la CAQ doit absolument privilégier le chantier maritime Davie aux constructeurs étrangers afin de créer de la richesse et des emplois bien rémunérés dans les régions du Québec. N’oublions pas que ce bateau est financé en presque totalité par les contribuables québécois. Il est donc tout à fait normal que l’on exige que les retombées économiques de ce contrat aillent dans l’économie de nos régions. En fait, faisons tout simplement ce que font les États-Unis avec son « Buy American Act » qui exige que les marchandises expédiées entre des ports américains soient transportées sur des navires construits, possédés et exploités par des citoyens américains.
[Lire le texte original du 12 juin 2019.]
La construction des trains du REM en Inde
La décision de l’ancien premier ministre Philippe Couillard et de Michael Sabia, président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, d’octroyer la construction des wagons du REM, aux coûts estimés d’environ 6,3 milliards de dollars à l’usine indienne de la multinationale Alstom plutôt qu’à Bombardier et son usine québécoise de La Pocatière allait à l’encontre des intérêts supérieurs du Québec.
Dans son excellente chronique du 19 avril 2018 parue dans le Journal de Montréal et intitulée : « Les wagons indiens rattrapent Couillard », Michel Girard a formulé les commentaires suivants à propos de cette absurdité libérale : « On parle de projets locaux d’infrastructures qui seront entièrement payés par les épargnes que l’on confie à la Caisse et les impôts que l’on verse aux Gouvernements. Il serait normal de justifier le contenu local, comme c’est le cas aux États-Unis, en Europe, en Chine, au Japon, etc. ».
Pour tenter de justifier sa décision d’acquérir des wagons indiens, Michael Sabia a déclaré qu’au Québec: « il n’y a pas une usine outillée pour construire le REM ». Évidemment que cela est faux. Même que Philippe Couillard et le porte-parole de Bombardier Transport ont contredit M. Sabia.
Vous avez toute la marge de manœuvre Monsieur Legault
Bonne nouvelle Monsieur Legault. Après une analyse rigoureuse des accords internationaux en matière de marchés publics dans le domaine de la construction navale, le professeur titulaire de l’Université de Montréal et expert en droit public international, Daniel Turp, vient d’affirmer qu’aucun accord commercial international n’oblige le Québec à donner accès à ses marchés publics reliés au secteur naval à des entreprises étrangères.
Monsieur Legault, tout joue en votre faveur et vous n’avez aucune excuse à moins de faire preuve de naïveté comme l’avait fait votre prédécesseur libéral. Monsieur Legault, laissez-moi vous dire que l’on ne peut pas aussi se permettre de perdre le chantier maritime Davie à Lévis. Maintenant, c’est vous qui êtes aux commandes et qui avez le pouvoir de maintenir en vie ce chantier qui verse de bons salaires, qui paie ses impôts et ses taxes au Québec et qui fait affaires avec près de 900 sous-traitants québécois, ce qui accroît les retombées économiques réelles et vérifiables dans notre province et ses régions.
En accord avec vos principes
« Legault veut incarner un nationalisme rassembleur ». (Le Devoir, 29 novembre 2018). En fait, on vous demande de faire preuve de nationalisme économique comme le font les autres gouvernements. Même Donald Trump défend, bec et ongle, les intérêts de son pays et de ses travailleurs dans tous les traités de libre-échange qu’il négocie. Faire preuve d’un minimum de nationalisme économique doit vous amener Monsieur Legault à toujours privilégier les travailleurs et les usines du Québec. Dans le cas du Chantier Davie, on parle du maintien de 400 employés. On ne parle même pas ici de subventionner Davie comme dans l’industrie du vidéo et du commerce électronique, mais seulement d’octroyer le contrat à une firme québécoise plutôt qu’étrangère. Après tout, il y va d’une gestion éclairée de l’argent des contribuables qui ultimement paieront la construction de ce navire.
Ça fait tout de même curieux de demander à notre propre gouvernement de privilégier son pays, sa province et ses travailleurs comme les autres le font le plus naturellement du monde.
Léopold Lauzon, Chroniqueur économique, Journal de Montréal
À propose de Léo-Paul Lauzon (né le 27 novembre 1946 à Montréal) est un professeur et homme politique québécois. Lauzon a reçu un MBA au HEC Montréal et un doctorat en gestion à l’université de Grenoble1. Il était le premier au Québec et le troisième au Canada dans l’examen des comptables agréés. Lauzon est aussi un comptable en management accrédité, le premier au Canada lors de son évaluation. Il est professeur de comptabilité à l’école des sciences de la gestion de l’université du Québec à Montréal1 depuis qu’il a fini ses études en 1973. Il a fondé la chaire d’études socio-économiques de l’UQAM en 1996. Son parcours lui a valu d’être comparé à Michel Chartrand, duquel il se dit le fils spirituel.