Au cours des derniers jours, le gouvernement fédéral a annoncé sa volonté d’octroyer au Chantier Davie un contrat pour la construction de trois brise-glaces. Ce qui semble être une bonne nouvelle est en fait une bien maigre pitance lorsque l’on considère la générosité d’Ottawa envers les concurrents de la Davie. En effet, Irving Shipbuilding de Halifax et Seaspan de Vancouver se partagent, au même moment, des contrats d’une valeur de près de 75 milliards de dollars. Une somme qui va bien au-delà de ce qui reviendra au Chantier Davie!
Devant cette iniquité, l’employeur et le syndicat font aujourd’hui front commun afin que le Chantier Davie reçoive sa juste part du butin fédéral. C’est pour tout le Québec, pas uniquement pour la Davie, que cette situation est inacceptable. Elle doit être dénoncée par tous, en commençant par la classe politique.
Trois chiffres offrent un portrait unique et saisissant de cette injustice : 50, 23 et 1. Le Québec, via son chantier maritime lévisien, représente 50 % de la capacité de production nationale en matière de construction navale. Au sein de la Confédération canadienne, les Québécois constituent plus de 23 % des contribuables. Pourtant, le Québec n’a reçu que 1 % des contrats fédéraux liés au renouvellement de la flotte fédérale.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement canadien se rend coupable d’iniquité envers les chantiers navals du Québec. Au milieu des années 1980, le gouvernement conservateur demandait au gouvernement du Québec de rationaliser les chantiers québécois. Cela a mené à la fusion de Marine Industries ltée de Sorel et de Versatile Davie Incorporated sous la raison sociale MIL-Davie. Dans la foulée de ce regroupement, deux des trois chantiers majeurs du Québec, le chantier naval de Sorel et la Versatile Vickers de Montréal, fermaient définitivement leurs portes. C’est ainsi que la décision fédérale a provoqué la perte de 1 700 emplois québécois alors que, au même moment, ce même gouvernement soutenait la création d’emplois dans les provinces maritimes en investissant dans Irving Shipbuilding. En somme, c’est le Québec qui a fait, une fois de plus, les frais d’une décision fédérale.
Exiger sa juste part
C’est à la lumière de ce bref historique qu’il faut s’inquiéter de la décision d’Ottawa d’exclure le Chantier Davie de sa Stratégie nationale de construction navale lancée en 2010. Comme si le seul chantier naval québécois ayant survécu à la rationalisation était toujours de trop pour les décideurs du Canada. Comme si le Québec ne pouvait pas se développer dans un secteur stratégique. Comme si le Québec n’avait pas le droit à sa juste part.
Il est plus que jamais nécessaire de se solidariser pour dénoncer cette injustice et d’exiger que l’on investisse au Québec une part équitable des budgets fédéraux. Le 10 décembre dernier, le Chantier, son syndicat et des politiciens issus de différentes familles l’ont fait. Aujourd’hui encore, il ne faut pas se laisser endormir par l’octroi des récents contrats pour la Davie et le Québec.
Ce n’est pas seulement les 800 travailleurs mis à pied du chantier lévisien qui en dépendent, mais aussi plus de 1 000 employés de fournisseurs provenant de toutes les régions du Québec. La classe politique québécoise a l’obligation de monter aux barricades et d’exiger une fois pour toutes que le Québec reçoive sa portion légitime des contrats fédéraux. Ne pas le faire reviendrait à cautionner une injustice économique parmi les plus importantes jamais commise au Canada.
Advenant qu’Ottawa n’accorde pas une plus grande part de ses contrats au Québec, il est malheureusement vrai que l’histoire se répètera.
Gilles Duceppe, Ancien chef du Bloc Québécois
Trois chiffres offrent un portrait unique et saisissant de cette injustice : 50, 23 et 1. Le Québec, via son chantier maritime lévisien, représente 50 % de la capacité de production nationale en matière de construction navale. Au sein de la Confédération canadienne, les Québécois constituent plus de 23 % des contribuables. Pourtant, le Québec n’a reçu que 1 % des contrats fédéraux liés au renouvellement de la flotte fédérale.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement canadien se rend coupable d’iniquité envers les chantiers navals du Québec. Au milieu des années 1980, le gouvernement conservateur demandait au gouvernement du Québec de rationaliser les chantiers québécois. Cela a mené à la fusion de Marine Industries ltée de Sorel et de Versatile Davie Incorporated sous la raison sociale MIL-Davie. Dans la foulée de ce regroupement, deux des trois chantiers majeurs du Québec, le chantier naval de Sorel et la Versatile Vickers de Montréal, fermaient définitivement leurs portes. C’est ainsi que la décision fédérale a provoqué la perte de 1 700 emplois québécois alors que, au même moment, ce même gouvernement soutenait la création d’emplois dans les provinces maritimes en investissant dans Irving Shipbuilding. En somme, c’est le Québec qui a fait, une fois de plus, les frais d’une décision fédérale.
Exiger sa juste part
C’est à la lumière de ce bref historique qu’il faut s’inquiéter de la décision d’Ottawa d’exclure le Chantier Davie de sa Stratégie nationale de construction navale lancée en 2010. Comme si le seul chantier naval québécois ayant survécu à la rationalisation était toujours de trop pour les décideurs du Canada. Comme si le Québec ne pouvait pas se développer dans un secteur stratégique. Comme si le Québec n’avait pas le droit à sa juste part.
Il est plus que jamais nécessaire de se solidariser pour dénoncer cette injustice et d’exiger que l’on investisse au Québec une part équitable des budgets fédéraux. Le 10 décembre dernier, le Chantier, son syndicat et des politiciens issus de différentes familles l’ont fait. Aujourd’hui encore, il ne faut pas se laisser endormir par l’octroi des récents contrats pour la Davie et le Québec.
Ce n’est pas seulement les 800 travailleurs mis à pied du chantier lévisien qui en dépendent, mais aussi plus de 1 000 employés de fournisseurs provenant de toutes les régions du Québec. La classe politique québécoise a l’obligation de monter aux barricades et d’exiger une fois pour toutes que le Québec reçoive sa portion légitime des contrats fédéraux. Ne pas le faire reviendrait à cautionner une injustice économique parmi les plus importantes jamais commise au Canada.
Advenant qu’Ottawa n’accorde pas une plus grande part de ses contrats au Québec, il est malheureusement vrai que l’histoire se répètera.
Gilles Duceppe, Ancien chef du Bloc Québécois